mardi 15 mars 2016

Les noces clandestines

Auteur : Claire-Lise Marguier
Editeur : Rouergue
Collection : La brune
Parution : 6 février 2013
Pages : 120
EAN-13 : 9782812604591

La séquestration n'avait pas été préméditée. Tout au moins au début. Pour dire vrai, tout ce qui m'y a conduit est un enchaînement de hasard ; quand vous auriez cru à ma volonté de nuire ou à une part de perversité, vous vous seriez fourvoyés.

Je n'ai aucunement l'intention de vous détromper. Mais je peux vous raconter.


Mon avis



Claire-Lise Marguier est une auteure qui me hante, en quelque sorte, depuis ma lecture de « Le faire ou mourir ». J’ai été transportée et choquée par ses mots, et son histoire si juste. Je me réjouissais de découvrir autre chose d’elle, « Les noces clandestines » me tendait les bras, je n’ai pas résisté.

Sa plume me fera à jamais chavirer je pense. Qu’importe l’histoire finalement, elle m’embarque avec elle, et je suis sous le charme. Comme le marin face aux chants des sirènes. Ici, notre narrateur est un être sans visage. Sans nom. Sans identité. Habituellement, je n’aime pas avoir si peu d’informations sur un personnage. J’aime modeler des êtres dans ma tête, pour les rendre les plus vivants possible. Mais là, rien. Impossible. Je l’ai vaguement imaginé grand, mince, presque maigre. Une coupe de cheveux impeccable, un style classique, voire inexistant pour se fondre dans la masse.
Dans la cave, ce narrateur construit un abri parfait. Une sorte de sanctuaire, où seul l’être le plus pur pourrait venir vivre. Il se met en quête de cette personne, prend son temps et décide d’analyser chaque personne qu’il croise, pour être sûr de ne pas se tromper. Quand il trouve la perle rare, un jeune sans-abri près de son immeuble, il est bien décidé à le faire vivre dans cette pièce si spéciale. Va alors s’installer entre les deux hommes, une relation très particulière…

Durant une bonne partie de ma lecture, je ne comprenais pas l’attitude du jeune SDF. Il est la perfection du narrateur, mais ne cherche jamais à s’enfuir, à riposter, à se défendre, et provoque même l’affrontement pour se faire remettre plus bas que terre par son geôlier. C’est une partie d’un jeu qui pourrait vite déraper si les règles venaient à changer. Les défis muets se chevauchent, et chacun essaie de prouver à l’autre qui est le maître. Jusqu’à la fin de la partie. Le moment où le vainqueur sort de sa transe, où les vérités éclatent, et révèlent les vrais visages de chacun.

À la fin de ma lecture, je ne savais pas si j’avais aimé ce livre, ou non. J’avais eu la même réaction pour « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan. C’est le genre de livre qu’il faut prendre le temps de digérer. Les laisser agir sur notre mental, les sentir se dissoudre dans nos chairs. Après quoi, ils nous habitent complètement, nous font réfléchir sur tellement de choses, et tout s’éloigne petit à petit du sujet principal du roman. Mais on s’en fout. On se rappelle les réflexions qu’il nous aura amenées. Et on l’aime pour cela. Pour son côté osé également, sa thématique qui sort de l’ordinaire et qui brusque un peu le lecteur.

2 commentaires:

  1. Déjà, ce que tu en avais dit sur youtube m'avait donné une grande envie de lire ce livre. Et ta chronique ne fait que renforcer cette envie de découvrir cette auteure et cette histoire. Merci!

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  2. une chronique qui me donne envie de lire ce livre. Et qu'est ce que tu exprime bien ton ressenti ! J'avais déjà noté "le faire et mourir" dont tu parlais sur ta chaîne dans ton top des livres ados si je ne me trompe. Merci et bonne soirée !

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