jeudi 27 juillet 2017

Ces rêves qu'on piétines

Allemagne, avril 1945. Les parcours croisés de Magda Goebbels, femme la plus puissante du IIIe Reich, et d'Ava, trois ans, enfant du KZ-Bordell d'Auschwitz. Tandis que les alliés progressent, la première s'enfonce dans l'abîme de la folie nazie et la seconde, miraculée de l'horreur, tente d'échapper à son destin. Premier roman.


Mon avis

Talents Cultura 2017 encore, j’ai découvert le roman historique de Sébastien Spitzer totalement par hasard, car il n’était pas prévu dans mes lectures, à la base. Le roman que je devais lire n’arrivant pas, Cultura m’a proposé celui-ci, qu’ils avaient en numérique. En avant la découverte ! Et je suis très heureuse de l’avoir lu.

L’auteur va nous faire découvrir les derniers jours de Magda Goebbels, modèle de mère aryenne du IIIe Reich. En parallèle, nous allons rencontrer Ava, une petite fille de 3 ans qui a survécu aux camps de concentration et qui va rencontrer la photographe de guerre Lee Miller. Les deux personnages féminins sont à l’opposé l’une de l’autre, et c’est ce qui rend ce roman si percutant. Si certains passages sont romancés, d’autres sont fidèlement retranscrits.
Sébastien Spitzer nous fait à la fois entrevoir l’horreur et l’espoir.

Magda est un personnage terriblement fascinant. Assoiffée de pouvoir, femme du Gauleiter Joseph Goebbels avec qui elle aura 6 enfants, et proche du Führer, elle cache pourtant de nombreux secrets. Comme l’identité de son père adoptif, ou encore celle de son premier amour, qui la rattacherait à trop de noms juifs. Son fanatisme pour le nazisme va la pousser à commettre le pire : tuer ses 6 enfants, dans le bunker. La scène est saisissante tellement elle fait froid dans le dos. Comment une mère, soi-disant modèle, peut-elle faire une chose pareille ? Préfère-t-on tuer ses enfants, plutôt que de les voir vivre dans un monde qu’on pense atroce ? Selon sa dernière lettre, laissée pour son fils aîné issu d’un premier mariage, c’est visiblement ce qu’elle pense. Le monde qui viendra après la Seconde Guerre mondiale ne vaut pas la peine d’être vécu. Depuis la fermeture de ce roman, Madga me hante. Au point où beaucoup de mes recherches Internet portent son nom. On ne peut pas entrer dans la tête de quelqu’un, et pourtant j’adorerais connaître le fond de sa pensée. Les émotions qui l’ont traversée lors de ces moments fatidiques.

Le roman est entrecoupé de lettres, celle d’un père à sa fille. Elles font référence à Richard Friedländer, son père adoptif. Si le contenu des lettres est romancé, le fond est lui historique. L’horreur des camps et l’acharnement des SS sur les corps décharnés. L’importance et le symbole que l’auteur va donner à ces lettres nous remue les tripes. Quand les derniers mots en italique arrivent, les larmes sont au bord des yeux.

Mais heureusement, dans cette noirceur, nous suivons également Ava, petite fille née dans un camp de concentration et protégée coûte que coûte par sa mère. Elle qui s’est cachée toute sa vie, après la libération, elle va devoir continuer à fuir pour essayer de survivre, pour peut-être enfin vivre un jour. Le courage d’une enfant qui n’a connu que la faim et la peur est bluffant. Le parallèle entre les deux portraits de mère que dresse l’auteur est fascinant. L’une tue ses enfants bien vivants, tandis que l’autre fait passer sa fille pour morte pour la faire vivre.

Ce roman aura été un régal ! Dévoré en une journée, il m’a fait trembler et pleurer. Un très bon cru pour cette rentrée littéraire 2017. Rien que d’y penser, je ressens à nouveau le froid glacial des camps ou l’odeur de renfermé du bunker. Si vous cherchez un roman historique immersif, celui-ci a tout pour plaire.


Auteur : Sébastien Spitzer
Éditeur : L’Observatoire
Collection : -
Parution : 23 août 2017
Pages : 308
EAN-139791032900710

2 commentaires:

  1. J'ai tellement hâte de lire ce roman. Tes nombreux avis (article et vidéo) m'ont confortée dans l'idée qu'il va me faire vivre un très grand moment de lecture.

    Bravo, encore une fois, pour cette superbe chronique, intime et instructive... Quelle belle leçon !

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    Réponses
    1. Merci beaucoup ! J'espère qu'il te transporta comme moi.

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